Remboursement des consultations chez le psychologue, oui! Mais pas n’importe comment…

Un article du huffington post qui résume bien les enjeux de la mise en place du remboursement des consultations psychologiques par la sécurité sociale. Un dispositif boycotté par les psychologues cliniciens car il :

  • précarise les psychologues cliniciens libéraux en les obligeant à travailler à la chaîne – réduisant ainsi la qualité des soins prodigués aux patients
  • précarise le système public de la santé mentale en permettant au gouvernement de continuer à fermer des postes en psychiatrie tout en se déchargeant sur des psychologues libéraux sous-payés et débordés
  • N’est absolument pas en accord avec la réalité des soins nécessaires au traitement des troubles psychologiques (seuelement 8 séances de 30 minutes… Et que fait le patient après?)
  • Assujetti le patient à de nombreux rendez-vous médicaux et évaluations par questionnaires avant de pouvoir accèder à sa psychothérapie
  • Assujetti le psychologue aux évaluations d’un médecin généraliste souvent non formé à la psychopathologie et viole l’intimité d’une relation psychothérapeutique
  • N’est pas inclusif, n’acceptant la prise en charge que des patients d’une certaine tranche d’âge avec certains types de troubles (= 0,5% des français!!!)
  • En bref : de la poudre aux yeux de la part du gouvernement qui fait mine de s’intéresser à la prise en charge psychologique de la population

ARTICLE DU HUFFINGTON POST : https://www.huffingtonpost.fr/entry/le-remboursement-des-psychologues-la-fausse-bonne-idee-de-la-cour-des-comptes-blog_fr_607d421ee4b001abc4de8b1e?gis&fbclid=IwAR0DIO8zoEYJSGE2r-S9ZbZiFrwALRK8Zxanu6hYQ4hmVDPk0iTgWe9A_ZM

SANTÉ MENTALE – La crise sanitaire actuelle met en lumière l’importance de la santé psychique, et le rôle majeur des psychologues.

La Cour des Comptes préconise la généralisation d’une expérimentation de remboursement menée dans 4 départements depuis 2018. L’objectif: désengorger les centres de consultation publics, et économiser le coût des traitements.

Si les psychologues ne peuvent que s’associer à une démarche de remboursement et s’en réjouir, la forme annoncée est très éloignée de la réalité et mènera à un parcours maltraitant, incohérent, voire repoussant pour le patient. Les psychologues se soulèvent aujourd’hui pour dénoncer ces conditions et éviter qu’elles ne se généralisent. Leur objectif: faciliter l’accès au soin psychique.

Alors que la notion de remboursement est largement diffusée dans les médias, la parole des principaux intéressés, elle, n’est pas relayée, et les conséquences réelles de telles mesures restent inconnues du grand public. Soucieux de l’accès à leur expertise, les psychologues se manifestent pour dénoncer ce qui s’avérera un véritable parcours du combattant pour les patients, alors que les besoins n’ont jamais été aussi grands.

Dans les conditions annoncées, cela signifie 5 étapes avant de bénéficier de la moindre séance de psychothérapie

  1. Le médecin généraliste, déjà débordé, et souvent sans connaissances spécifiques en psychopathologie, évalue votre demande. Seuls certains patients, correspondant à des critères précis, peuvent en bénéficier, excluant de fait tous les autres;
  2. Le patient choisit, sur une liste, un psychologue qui doit, lui aussi, réaliser une évaluation et en rendre compte au médecin;
  3. Le médecin généraliste décide si la prescription est pertinente;
  4. Si c’est le cas, le médecin prescrit jusqu’à 10 séances de “soutien” (pas de psychothérapie) de 30 minutes, remboursées 22 euros, sans dépassement d’honoraires possibles;
  5. Le patient retourne voir son médecin traitant, toujours débordé, lequel l’envoie rencontrer un psychiatre, encore plus débordé, qui ne le connaît pas et qui évalue son besoin;
  6. Si le psychiatre et le médecin généraliste jugent le besoin pertinent, alors enfin, le patient pourra bénéficier jusqu’à 10 séances (pas une de plus!) de “psychothérapie” de 45 minutes, remboursées 32 euros, toujours sans dépassement d’honoraire.

Conséquences pour les usagers

Là où il est parfois difficile d’obtenir rapidement un rendez-vous chez un médecin généraliste, ajouter ces étapes rend la démarche encore plus lourde pour les patients, qui devront se “justifier” de leur besoin tout au long de leur accompagnement, se mettre à nu émotionnellement à différents endroits, au mépris de la relation de confiance nécessaire à un tel partage.

La communication est centrée sur le remboursement des séances chez le psychologue. Mais la réalité est que les personnes en besoin devront répondre à différents critères très excluants pour en bénéficier: avoir entre 18 et 60 ans, ne pas être sous traitement lié à la souffrance psychique, présenter selon des échelles standardisées une anxiété ou une dépression “légère à modérée”. Si ces conditions ne sont pas réunies, pas d’accès au remboursement.

Le patient devra parcourir un processus long, et rencontrer trois professionnels, avant de pouvoir prétendre à une psychothérapie, là où il peut y accéder librement aujourd’hui.

La confidentialité des rencontres avec le psychologue est également entachée puisque ce dernier devra rendre compte au médecin des avancées du patient.

Faire appel à un professionnel du soin psychique n’est pas une démarche aisée, il convient de faciliter la tâche autant que possible à ceux qui ont besoin de s’adresser à un psychologue en libéral.

La psychothérapie représente un temps et un rythme singuliers, construits entre patient et psychothérapeute. Elle ne saurait être protocolaire, et encore moins uniformisée, ce serait un contresens à la nécessaire singularité de la rencontre entre le patient et son thérapeute. Certaines psychothérapies nécessitent des consultations de 1 h 30!

Il ne saurait, par ailleurs, être limité dans le temps. Car que se passe-t-il après avoir ”épuisé” les consultations remboursées? Comment les personnes n’ayant pas les moyens de poursuivre une psychothérapie en libéral seront-elles accompagnées, alors qu’elles auront lié un lien privilégié et unique avec leur psychothérapeute?

Pour les patients aux plus faibles revenus, les psychologues libéraux s’adaptent depuis toujours, en proposant des tarifs ajustés. À défaut, ils peuvent prétendre à une prise en charge publique, payée par le contribuable. Mais…

L’objectif?

L’objectif ne se veut pas de soutenir ces institutions, de soigner l’une des causes majeures du problème: la saturation des centres de consultations, leur manque de moyens humains et financiers. Il se veut de les désengorger, en “filtrant” les patients et en déplaçant le problème sur les psychologues libéraux qui ne bénéficient pas d’une structure sur laquelle s’appuyer. Activités libérales et publiques ne sauraient se substituer l’une à l’autre. Ces pratiques sont différentes et complémentaires. Les psychologues n’y ont ni les mêmes missions ni le même fonctionnement. La psychiatrie et les institutions publiques sont laissées dans leur détresse et aujourd’hui, l’état demande au privé de venir combler leurs manquements.

Faciliter l’accès au libéral dans des conditions inacceptables pour un travail de qualité sans en parallèle soutenir financièrement et humainement le secteur public est un non-sens et un danger pour l’accès aux soins psychologiques. Il s’agit d’une déresponsabilisation de l’État quant au bon soin de son secteur public.

Pour ces raisons éthiques, économiques et sociales, une large part des psychologues libéraux refusent de participer à ces dispositifs s’ils venaient à être généralisés.

Ils demandent à être entendus afin de construire un projet de remboursement cohérent et adapté à leur spécificité, permettant aux patients d’accéder à des soins psychologiques de qualité.

Un remboursement, oui, mais pas n’importe comment.

Pour aller plus loin:

Évaluez votre état dépressif

Êtes-vous dépressif? Êtes-vous déprimé en ce moment ?

Pour faire suite au dernier article portant sur la dépression, je vous propose d’auto-évaluer votre symptomatologie dépressive à l’aide de cet autoquestionnaire.

Le questionnaire QD2 de P. Pichot permet d’évaluer l’état dépressif.

Répondez le plus honnêtement possible, la première réponse qui vous vient par la tête.

En ce moment, ma vie me semble vide Oui Non
J’ai du mal à me débarrasser de mauvaises pensées qui me passent par la tête Oui Non
Je suis sans énergie Oui Non
Je me sens bloqué(e) ou empêché(e) devant la moindre chose Oui Non
Je suis déçu(e) et dégoûté(e) par moi-même Oui Non
Je suis obligé(e) de me forcer pour faire quoi que ce soit Oui Non
J’ai du mal à faire les choses que j’avais l’habitude de faire Oui Non
En ce moment je suis triste Oui Non
J’ai l’esprit moins clair que d’habitude Oui Non
J’aime moins qu’avant les choses qui me plaisent ou m’intéressent Oui Non
Ma mémoire me semble moins bonne que d’habitude Oui Non
Je suis sans espoir pour l’avenir Oui Non
En ce moment, je me sens moins heureux(se) que la plupart des gens Oui Non
SCORE sur 13

RESULTATS
Dépression franche si score > ou = 7 Chaque réponse « vrai » vaut 1 point. Si votre score est supérieur ou égal à 7 : vous présentez effectivement une symptomatologie dépressive. Cela ne signifie pas que vous soyiez dépressif, il peut s’agir d’un état dépressif passager suite à une mauvaise journée, à une succession d’événements désagréables ces derniers temps… Il est surtout important de s’inquiéter à partir du moment où cet état est constant dans le temps. N’hésitez pas à consulter. Téléphonez-moi au 06.59.54.05.94 afin d’obtenir de l’aide.

La thérapie EMDR, qu’est-ce que c’est ?

La thérapie EMDR est une nouvelle approche de psychothérapie qui utilise la stimulation sensorielle des deux côtés du corps, soit par le mouvement des yeux soit par des stimuli auditifs ou cutanés, pour induire une résolution rapide des symptômes liés à des événements du passé. Cette thérapie poursuit le mouvement de recherche clinique et de soins inaugurés par la psychanalyse, la thérapie cognitive comportementale, les traitements par exposition, la médecine humaniste, les thérapies systémiques et les psychothérapies brèves centrées sur la personne.

La thérapie EMDR a été créée à la fin des années 80 dans la Baie de San Francisco. En moins de 10 ans, elle est devenue un des modes de traitement psychothérapeutique du PTSD (ou ESPT : État de Stress Post-Traumatique) ayant donné lieu au plus grand nombre d’études cliniques. Ses initiales viennent de son appellation anglo-saxonne : Eye-Movement Desensitization and Reprocessing, ou Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires, même si la méthode ne se limite désormais plus à l’utilisation des mouvements oculaires.

Le protocole de la thérapie EMDR repose sur un ensemble de principes qui sont essentiels à une approche humaniste et intégrative de la médecine et de la santé : la confiance dans la capacité d’auto-guérison propre à chacun, l’importance de l’histoire personnelle, une approche centrée sur la personne, un pouvoir restauré, l’importance du lien corps-esprit, un bien-être et une amélioration des performances.

Plusieurs études contrôlées ont démontré la remarquable efficacité de la thérapie EMDR pour la résolution les états de stress post-traumatiques (ESPT en français, PTSD dans la littérature anglo-saxonne), autant chez les victimes de traumatismes civils (viols, accidents, deuils) que chez les vétérans de la guerre du Vietnam ou les victimes de conflits dans les pays en voie de développement. De fait, à ce jour, la thérapie EMDR est une des méthodes de traitement des états de stress post-traumatiques (ESPT ou « PTSD ») les mieux documentées par la littérature scientifique.

Le livre qui sert de référence aux praticiens de la thérapie EMDR et à l’enseignement de la méthode s’intitule « Eye-movement Desensitization and Reprocessing : Basic principles, protocols and procedures », publié par Guilford Press (2001). Son auteur est Francine Shapiro, Ph.D. Elle est fondatrice de la thérapie EMDR, Senior Research Fellow du Menlo Park Research Institute (« L’École de Palo Alto »), et présidente de l’EMDR Institute, Californie. En juillet 2002, Francine Shapiro a reçu le prix Sigmund Freud décerné conjointement par le Congrès Mondial de Psychothérapie et la ville de Vienne.

Deux articles importants dans le New York Times décrivent l’EMDR : Francine Shapiro y répond aux questions des lecteurs et présente les données empiriques disponibles. (articles en anglais) :

http://consults.blogs.nytimes.com/2…

http://consults.blogs.nytimes.com/2…

Reportage télévisuel

En cliquant sur le lien ci-dessous vous pourrez voir un reportage sur la thérapie EMDR du magazine de la santé de France 5 :

http://www.allodocteurs.fr/actualit…

L’intervention du Dr Christophe Marx dans l’émission Télématin sur France 2 :

http://www.france2.fr/emissions/tel…

Source de cet article : EMDR France

A qui s’adresse l’EMDR ?

La thérapie EMDR s’adresse à toute personne (de l’enfant – même en bas âge – à l’adulte) souffrant de perturbations émotionnelles généralement liées à des traumatismes psychologiques.

Il peut s’agir de traumatismes « évidents », avec un grand « T », tels les violences physiques et psychologiques, les abus sexuels, les accidents graves, les décès, les maladies graves, les incendies, les catastrophes naturelles, les situations de guerre et attentats, …

Mais il peut s’agir aussi d’événements de vie difficiles ou de traumatismes avec un petit « t », qui passent inaperçus et peuvent être la source d’émotions ou de comportements inadaptés ou excessifs dans la vie quotidienne (enfance perturbée, séparations, fausses couches et IVG, deuils, difficultés professionnelles, etc…)

Ces perturbations émotionnelles s’expriment sous diverses formes : irritabilité, angoisse, cauchemars, tendance à l’isolement, état dépressif, comportement agité voire violent, douleurs physiques, somatisations, régression chez l’enfant, …

D’autres troubles psychologiques relèvent aussi, dans certains cas, de traumatismes récents ou anciens, parfois inconscients : dépression, addictions, troubles du comportement alimentaire, attaques de panique, phobies, …

Ces perturbations apparaissent quand notre cerveau est dépassé par un choc traumatique et n’arrive pas à traiter (ou digérer) les informations comme il le fait ordinairement. Il reste bloqué sur l’évènement, sans que nous en ayons conscience, et ce sont les vécus traumatiques non digérés qui sont sources de ces perturbations.

La thérapie EMDR permet de débloquer les mécanismes naturels de traitement de l’information, et ainsi le traumatisme peut enfin être retraité (ou digéré), même de nombreuses années après.

La thérapie EMDR est aujourd’hui une approche thérapeutique mondialement reconnue par la communauté scientifique pour son efficacité dans le traitement des troubles post-traumatiques. Elle est la seule avec les thérapies comportementales et cognitives dont l’usage est officiellement recommandé pour le traitement des états de stress post traumatique par la Haute Autorité de la Santé (HAS) qui intervient dans la validation des soins médicaux, depuis juin 2007. La liste des principales études et de nombreux articles sont disponibles sur le site www.emdr-france.org .

Comment se passe un traitement EMDR?

Une préparation est indispensable : des entretiens préliminaires permettent au patient d’établir une relation de confiance avec son praticien et d’identifier, avec son aide, le ou les souvenirs traumatiques à l’origine de ses difficultés.

Ces souvenirs seront ensuite retraités, un à un, lors des séances. Il faut parfois plusieurs séances pour traiter un seul souvenir. Pour les enfants, le traitement EMDR peut se faire en présence des parents en fonction de l’âge de l’enfant.

Le processus de traitement activé par la méthode est un processus conscient. Il correspond à ce que fait naturellement notre cerveau quand il ne se bloque pas.

Au début d’une séance EMDR, le praticien demande au patient de se concentrer sur l’évènement perturbant, en gardant à l’esprit les souvenirs sensoriels de l’évènement (image, son, odeur, sensation physique), ainsi que les pensées et ressentis actuels qui y sont associés. Le praticien commence alors des séries de stimulations bilatérales alternées, c’est-à-dire qu’il stimule le cerveau alternativement du côté gauche puis droit, soit par des mouvements oculaires, soit par des stimulations tactiles, soit par des bips sonores. Entre chaque série, il suffit alors que le patient remarque ce qui lui vient à l’esprit. Il n’y a aucun effort à faire pendant la stimulation pour obtenir tel ou tel type de résultat ; l’évènement se retraite spontanément, et différemment pour chaque personne selon son vécu, sa personnalité, ses ressources, sa culture.

Les séries de stimulations bilatérales continuent jusqu’à ce que le souvenir de l’évènement ne soit plus source de perturbations mais soit associé à des ressentis calmes ainsi qu’à des pensées positives et constructives.

Une séance d’EMDR dure de 60 à 90 mn (plus courte chez l’enfant). Pendant cette période, le patient peut traverser des émotions intenses, et à la fin de la séance, il peut généralement ressentir une nette amélioration.

Thérapie EMDR, témoignages de patients

Témoignage d’Olivier, Avignon, France, mars 2011

Le 7 mars dernier, j’ai été victime d’un accident de la circulation, suite à cet accident j’ai développé ce que l’on appelle un stress post-traumatique. Par la suite, ce fut un mois entier de souffrance psychique avec son cortège d’inconforts et d’angoisses, jusqu’à ce que je découvre sur internet la méthode EMDR, en consultant les possibilités qui étaient offertes aux personnes ayant vécus ce type de stress.
Ce fut une révélation, j’ai été littéralement transformé ! Suite à la première séance passée avec mon psychologue spécialisé, non seulement je n’avais plus de symptômes liés aux SPT, mais je me sentais réellement guéri ! (…)
Elle m’a tout simplement permis de redevenir ce que j’étais avant l’accident, c’est à dire moi même, en digérant le trauma.

Témoignage d’Ambre, France, septembre 2016

Je m’appelle Ambre, et j’ai 25 ans. Je suis l’une de ces personnes à qui l’on ne demande pas comment elles vont mais plutôt où elles sont… Une vraie pile électrique, toujours sur la route. Et il y a un an et demi pourtant j’ai pété les plombs en m’asseyant dans un avion.

C’était en janvier dernier et je me souviens des longues heures d’angoisse qui ont suivi ce moment, de mon incompréhension, de la peur latente et de mon incapacité à bouger. Impossible de reprendre l’avion, impossible de repartir chez moi (je vivais alors à l’étranger) … J’allais mourir, j’étais bloquée. Les premiers jours, la simple mention d’un avion, aéroport ou le fait de me déplacer, que ça soit seule ou accompagnée, me terrorisait.

Pour me rendre à ma première séance d’EMDR prévue le 04 février 2015 il a fallu que mon père m’accompagne car le cabinet de ma praticienne était situé à 45 mn de mon domicile. Sortir, conduire, regarder quelqu’un dans les yeux, parler, respirer… Tout n’était que souffrance. Même le sommeil était devenu un lieu peuplé de cauchemars. Je me sentais foutue, j’étais donc dans un état critique. Ma peur, ma phobie des transports tout particulièrement focalisée sur l’avion, s’était emparée de moi. Le monstre, comme je l’ai appellé, ne me quittait plus.

A partir de là « la magie » de l’EMDR a tout changé. Je ne serai pas la première à décrire les résultats immédiats et quasi miraculeux de l’EMDR : dès la deuxième session je conduisais seule et après encore deux ou trois séances j’ai pu prendre le bus et rejoindre des amis à 1h de trajet. Après un mois et demi de traitement, je prenais un train pour Paris et décrochais un chouette boulot. Déménagement, reprise du travail en juin…

La vie a recommencé. Mais plus belle, plus brillante qu’avant. J’ai découvert une mère aimante et un père protecteur. J’ai découvert des amis dévoués. Une famille unie. J’ai aussi dit au revoir à beaucoup de gens qui n’avaient finalement rien à m’apporter de bon. Et les choses ont changé. Rapidement et profondément.

Ma phobie des transports s’est peu à peu évaporée et mes angoisses ont disparu… Je n’aurais pas pensé pouvoir vivre de nouveau à peine 6 mois après avoir touché le fond. Pourtant je ne reprenais toujours pas l’avion.

Une fois établie sur Paris, j’ai continué l’EMDR avec une nouvelle praticienne. La vie a repris son cours… Le calme après ces mois de tempête. Et doucement, tout doucement, à force de patience, de petites remises en question, de temps passé à scanner les raisons de mon mal-être …  Bref de petits efforts quotidiens… j’ai dompté le monstre.

Je me suis retrouvée un jour de mars direction l’aéroport de Londres, complètement stressée (bien évidemment en retard) à courir hors d’haleine pour avoir mon avion à l’heure… Pour finalement m’asseoir exténuée à ma place et m’endormir en trois minutes. Comme d’habitude. Non plutôt : comme avant.

Mars 2016 j’ai repris l’avion! Soit à peine un an après avoir fini ma première grosse phase de traitement EMDR.

Ce jour-là, j’ai retrouvé ma liberté… Et je vous écris ces mots avec un sourire béat aux lèvres.

D’ailleurs, c’est assez rigolo : moi la phobique des transports, je vous écris depuis un TGV Paris-Lyon, trajet que j’effectue toutes les semaines… Mais j’aurais pu aussi vous écrire depuis une aire d’autoroute ou encore l’aéroport de Londres, Amsterdam, Edinbourg ou Bordeaux… Certaines choses ne changent finalement pas et j’ai encore tellement d’endroits où j’ai envie d’aller, de gens à rencontrer, de surprises qui m’attendent. Bien sur ma vie n’est pas parfaite et peut-être qu’un jour il faudra que je recommence une thérapie.

Mais je n’ai plus peur… Et il paraît « que je rayonne ». Moi tout ce que je sais c’est que je suis heureuse comme je ne l’ai jamais été !

Alors courage à tous ! Je ne suis pas une exception, je suis comme nous tous. Prenez du temps pour vous, pour vous reconstruire… La vie est longue et je vous promets qu’elle peut être merveilleuse.

« Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis née pour te connaître
Pour te nommer… »

Paul Eluard

Témoignage de Christiane, Bondoufle, France, avril 2014

Je m’appelle Christiane et j’ai 48 ans. Je choisi de venir témoigner sur votre site parce que j’espère que mon histoire pourra aider d’autres personnes d’une part, et puis c’est le seul moyen pour moi de remercier toutes les personnes qui oeuvrent à faire connaître l’EMDR.
Il y un an, je me suis trouvée, pour la deuxième fois de ma vie, plongée dans une dépression importante alors que l’on m’annonçait que j’avais peut-être un adénome à prolactine sur l’hypophyse suite à une anomalie de prolactine dans ma prise de sang. La démesure de ma réaction face à ce diagnostic non encore établi a étonné mon entourage, et moi plus encore, mais je ne pouvais plus rien maîtriser. Les examens que j’ai pu faire n’ont rien révélé, néanmoins mon état dépressif a continué d’empirer….
Il faut savoir que 20 ans auparavant, alors que j’étais enceinte de 5 mois et demi d’une seconde grossesse, j’ai sombré dans une profonde dépression. J’avais perdu le sommeil et toutes sortes de phobies et de pulsions morbides hantaient mes jours comme mes nuits. J’avais été alors hospitalisée, ne me supportant plus, j’avais peur de faire du mal à mon premier enfant comme à moi-même d’ailleurs. Je vais passer tous les détails de cette dépression, mais on m’avait alors imposé un jeune psychiatre/psychothérapeute qui n’a eu de cesse de me dire qu’il pensait que ce n’était pas grave et que je devais chercher des réponses dans mon enfance, ce que j’ai essayé de faire. Les médecins de l’époque pensaient que c’était peut-être aussi hormonal et que tout rentrerait dans l’ordre après la naissance de l’enfant que je portais, d’autant plus qu’après mon premier accouchement j’avais déclenché une maladie auto-immune touchant la thyroïde (basedow, puis ensuite Hashimoto). Ils m’ont donc médicalisée aussi fortement qu’on pouvait l’être à l’époque dans mon état, mais rien n’y faisait, je vivais toujours des pulsions morbides. Autant vous dire qu’à partir de ce moment, ce nouvel enfant, pourtant désiré et qui devait arriver dans mon existence, me terrorisait. Ça ne s’est évidemment pas arrangé après l’accouchement comme les médecins me l’avaient annoncé, bien au contraire…
J’ai eu la chance de rencontrer par la suite une psychologue très gentille, qui a compris et jugé que mon état était très sérieux. Elle m’a aidée à me relever un peu, mais je vivais toujours avec des hauts et surtout beaucoup de bas. Malheureusement, elle a dû arrêter de professer suite à un accident. Par la suite, j’ai rencontré d’autres thérapeutes (5 en tout) car ma vie n’était que difficultés. Durant toutes ces années, j’ai cherché à trouver des solutions, pensant souvent que j’étais folle et mes proches de penser que j’étais faible psychologiquement. C’est en 2007, que j’ai eu connaissance du livre « Guérir » de David Servan Schreiber à qui je voue une reconnaissance éternelle d’avoir laissé dans le sillage de sa vie tant de conseils qu’il a su mettre au niveau de personnes non initiées comme moi. L’EMDR apparaissait comme intéressante, mais il s’agissait principalement de traiter les stress post traumatiques, or je ne voyais rien qui puisse en être un dans ma vie.
Néanmoins, l’année dernière, je me suis retrouvée dans un état quasi équivalent à celui où je me trouvais lors de ma seconde grossesse … j’étais certaine que le dérèglement hormonal qui m’arrivait était probablement la cause de ma nouvelle dépression sévère car j’en avais très peur croyant que les hormones étaient à l’origine de tous mes maux. Je n’avais alors jamais eu d’autres pistes d’explications réelles que celle-ci, ayant exploré toute ma vie avec mes différents thérapeutes.
Je pris la décision de rechercher une thérapeute en EMDR et j’ai eu la chance d’en trouver une dans la ville voisine, car mon état et mes médicaments ne m’auraient jamais permis d’aller bien loin. Mes autres thérapies m’auront au moins servie à raconter très rapidement mon parcours à ma nouvelle psychologue. Elle a rapidement fait le lien avec mon premier accouchement qui s’était très mal passé physiquement pour moi, agrémenté d’une équipe médicale détestable. J’avais souffert le martyr et avait failli mourir ainsi que mon bébé. Tout s’était bien terminé et tant mieux… sauf qu’une partie de moi était restée morte dans ce premier accouchement.
J’ai eu du mal à accepter de revenir à cet évènement mais lorsque ma thérapeute a réussi à m’y faire accéder, ça été l’explosion… presque 24 ans après mon premier accouchement… Aujourd’hui je suis guérie et j’arrive à penser que c’est une chance finalement d’avoir replongée car je n’aurai jamais eu la chance de connaître le bonheur d’être enfin en paix. Personne ne peut vraiment imaginer la douleur qu’est d’être dans cet état sauf ceux qui en ont été les victimes ou certains professionnels de santé qui connaissent la problématique. Qui aurait pu penser qu’un accouchement puisse entrainer un ESPT ? Catherine, ma thérapeute est psychologue, psychothérapeute et psychanalyste. Néanmoins, elle a eu l’intelligence de remarquer que l’EMDR donnait des résultats réels. J’ai le sentiment d’avoir toujours voulu me battre pour m’en sortir mais l’ESPT ne vous permet pas d’y arriver seule. Ce n’est pas faute d’avoir consulté et des personnes sérieuses pourtant !
Mon témoignage est long et je vous en demande pardon, mais 24 ans de ma vie sont passés dans cette agonie. Puisse mon histoire aider d’autres mamans ou d’autres personnes, c’est aujourd’hui mon souhait le plus cher !

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